Amerika se lit comme une vaste fresque consacrée au thème de l'Amérique comme terre d'accueil. En l'occurrence, il s'agit de l'immigration syrienne au début du XXe siècle dont le roman nous offre sa vision à la fois vivante et très documentée, à travers l'évocation d'un destin de femme exceptionnel, celui de Marta Haddad.
En 1913, la jeune couturière quitte Beyrouth pour rejoindre son mari Khalil, parti travailler aux États-Unis peu de temps après leur mariage. La traversée, en passant par Alexandrie, Marseille puis Le Havre, est une épreuve, tout comme le séjour en quarantaine à Ellis Island. Une fois arrivée à New York, Marta découvre que son mari ne l'a pas attendue - il a quitté la ville et vit avec une Américaine en Louisiane. Marta se ressaisit, décide de couper les ponts avec ce mari infidèle. Elle devient d'abord vendeuse itinérante avant d'ouvrir un magasin à Philadelphie.
Puis, Khalil étant mort en tant que soldat américain pendant la Première Guerre mondiale, elle peut épouser Ali Jaber, lui aussi d'origine syrienne, et druze. Mais la crise de 1929 frappe de plein fouet, et pour échapper à la misère Marta n'a d'autre choix que de s'installer sur des terres agricoles achetées avant la crise en Californie, à Pasadena, avec Ali et leurs quatre enfants. Ali y meurt prématurément et laisse Marta seule en charge des enfants. Après une période difficile qui la voit sombrer dans la dépression, Marta repart à l'attaque et se réfugie dans le travail, en ouvrant un nouveau magasin à Pasadena, ville qu'elle ne quittera plus jusqu'à sa mort dans les années 1970.L'expérience de l'exil et de la perte, tout comme le rêve de l'« American way of life », sont au coeur de ce grand roman, riche et ambitieux.