MEME LES PECHEURS ONT LE MAL DE MER : DIANE PEYLIN
C’est un roman à trois voix : le grand-père RAJA, le père VALENTE , le fils SALVI.
Une petite ile de pêcheurs en méditerranée, de sable et de volcans.
Trois hommes, pêcheurs de père en fils, jusqu’à Salvi qui a décidé de fuir cette vie toute tracée.
Trois hommes qui ont tous en commun d’avoir manqué d’une figure paternelle aux étapes les plus importantes de leur vie.
Salvi , Valente et Raja se racontent successivement.
Une partie sur la vie visible du personnage, et une partie qui nous plonge à l’intérieure d’eux même .On a accès à la sensibilité de chacun, prisonnier de leur vie sur plusieurs générations, murés dans leur silence : car on parle peu chez eux .Ce sont des silencieux.
On découvre peu à peu l’histoire familiale, le poids des non dits, des mensonges, des drames.
Histoire intense et captivante, imagée, poétique.
Ce livre fait partie du salon du livre d’Hermillon
Pop corn melodie, Emilie de turckeim
C est l 'histoire de Tom qui tient une supérette dans une ville perdue du Midwest américain où tous les habitants ne vivent que par et pour le maïs.
Son but principal n'est pas de vendre, il n'a pas beaucoup de clients, mais ce qu'il aime c'est la poésie, composer des haikus et surtout écouter les clients installés dans le vieux fauteuil de son père jusqu'au jour ou un hypermarché climatisé s'ouvre sur le trottoir d'en face.
On découvre alors une série de personnages attachants et tous plus originaux les uns que les autres qui racontent leur vie, leurs reves.
A travers certaines phrases tendres et poétiques survit un univers déjanté
mais très profond qui décrit bien les problèmes d'une société d'abondance même
au coeur d'un désert américain.
La cartographie de l'oubli de Niels Labuzan.
Ce roman propose de découvrir l'histoire coloniale du Sud Ouest Africain, aujourd'hui la Namibie, de son peuple les Hereros,
victime de la cruauté, du racisme et de la soif de grandeur de l'Allemagne.
L'action s'étale sur une quinzaine d'années (1890-1906) pendant lesquelles nous suivons Jakob Ackemann, soldat allemand défiguré,
renfermé et plutôt timide voire lâche. Quelque soit son opinion, jamais il ne s'oppose à sa hiérarchie même pour plaire à sa bien-aimée
jeune femme révoltée par le sort des Hereros.
Ce roman va plus loin que la chronique historique d'un génocide. C'est aussi un récit d'aventure qui place le désert au centre de l'action.
Les personnages avec leurs forces et leurs faiblesses rendent cette histoire vivante et humaine.
Une belle découverte.
Notre château Emmanuel Regniez
Un frère et une sœur vivent reclus depuis des années dans leur maison familiale qu’ils ont baptisée « Notre château ». Seule la visite hebdomadaire du frère à la librairie du centre-ville fait exception à leur isolement volontaire.
Au cours de l’une ces sorties rituelles il aperçoit un jour, stupéfait, sa sœur dans un bus de la ligne 39. C’est inexplicable, le cocon protecteur dans lequel ils se sont enfermés depuis vingt ans commence à se fissurer.
On découvre au fur et à mesure les liens familiaux tissés avec les parents, morts accidentellement en voiture, la sœur ainée qui a déserté la famille et qui revient, bouleversant elle aussi l'équilibre de "notre château".
Une succession de faits inexplicables, de «fantômes» qui ressurgissent, un style fait de répétitions qui tournent en boucles le tout dans un univers clôt, le malaise et l’inquiétude s'installent.
Ce roman s'inscrit dans la catégorie des romans gothiques précurseurs du roman noir et de la littérature fantastique (cf Rébéca de Daphnée Dumourier, Frankenstein de Mary Shelley Dracula de Bram Stoker...).
Notre roman a été sélectionné dans le cadre du dernier festival du premier roman de Chambéry
Elephant Island, Luc Baba
Le petit Louis a 7 ans en 1917, il attend le retour de son papa en rêvant de prendre un bateau. Quand son père est tué, il ne lui reste plus qu’une petite boîte en fer contenant 2 éclats de l’obus qui lui avait fendu le crâne, et une page tâchée de boue.
Luc Baba jette la trame du roman : la violence et la barbarie des hommes face au pouvoir des mots et de l’écriture.
Parce que pauvre et orphelin de père, parce que sa maman perd pied et sombre peu à peu dans la folie, Louis et sa sœur Rose sont confiés à deux institutions de Liège: l'orphelinat Sainte-Barbe pour Rose, celui du Vertbois pour Louis.
Il y passera toute son enfance et son adolescence sous le joug de bourreaux qui n’ont d’humain que le nom. Dans ces lieux d’enfermement, les enfants sont privés de nourriture, d’éducation, frappés, humiliés.
Pour survivre aux mauvais traitements, au sentiment d'abandon, Louis rêve ... Il rêve de bateaux, d'océans. Un soldat canadien, Henry Métivier, abrité quelques temps au sein de l'orphelinat se lie d'amitié avec Louis et cultive ses rêves de voyages en mer. Il lui parle de "l'Elephant Island" située dans l'Antarctique, très belle métaphore pour ce roman . C'est une île battue par le vent et par le froid où, fin de l'année 1915, Ernest Shackelton, parti en expédition, abandonne son équipage pendant plusieurs mois afin d'aller chercher de l'aide. Leur bateau "L'Endurance" a en effet été piégé par les glaces. Quand Sir Shackelton revient enfin avec du secours, il apprend que la guerre qui déchire alors le monde n'est pas terminée et qu'ils vont devoir, pour la plupart, repartir sur le front.
Louis restera à quai, dans son bateau imaginaire mais devenu adulte, père et journaliste, Louis sera habité par le désir et le combat de dire le sort des enfants en institution.
Luc Baba manie la langue avec élégance et poésie, on y goûte avec saveur les images et la belgitude de son style.Une histoire mélancolique et triste où seuls les rêves des enfants ne peuvent être volés par les adultes.On pourrait parler de résilience, de reconstruction, on se plaît à lire l’histoire d’un enfant qui écrit son histoire et celle d’autres enfants pour ne pas l’oublier, pour apprendre à aimer l’enfant qu’il fut.
Un roman beau et sombre, tendre et violent qui vous empoignera.
Luc Baba est poète, auteur de livres pour enfants et de biographies, il est liégeois.