Une très légère oscillation de Sylvie Tesson

Ce récit se présente sous la forme d'un journal, il nous fait découvrir un aspect intime de l'écrivain.

On y trouve des réflexions, des aphorismes, des récits souvent sur la base d’événements d'actualité. L'auteur nous fait partager ses impressions sur la nature, la politique, la religion, tout ce qui touche l'actualité et à l'humain.
Le texte parsemé de traits d'humour, est remarquable par la qualité de l'écriture, sa poésie,   par la densité des références littéraires.

Ce livre peut se lire par petites touches, par paragraphes pris au hasard, ou comme un roman du début à la fin, mais quel que soit le choix, chacun y trouvera plaisir et sujets de réflexions.

LA SALLE DE BAL          Anna HOPE           coup de cœur du comité ♥

Lors de l’hiver 1911, l’asile d’aliénés de Sharston, dans le Yorkshire, nord de l’Angleterre, accueille une nouvelle pensionnaire : Ella, qui a brisé une vitre de la filature dans laquelle elle travaillait pour pouvoir voir la lumière du jour.

Dans cette institution, hommes et femmes travaillent et vivent chacun de leur côté. Néanmoins, les plus méritants sont réunis chaque vendredi dans une somptueuse salle de bal. Elle y fera la connaissance de John, un mélancolique irlandais. Tous deux valseront, toujours plus épris, toujours plus fiévreux de se retrouver, dans le plus grand secret.

A la tête de l’orchestre et de la thérapie, le Dr Fuller observe ses patients danser. Séduit par les théories eugénistes de Churchill (alors ministre de la santé) et le projet de loi sur le contrôle des faibles d’esprit et des indigents, Fuller nourrit de grands projets et de folles ambitions pour guérir ses malades.

Inspiré de faits réels (l’asile de Sharston a bien existé), l’auteur parvient à transformer une réalité historique méconnue en un roman subtil et passionnant, les personnages sont saisissants d’humanité.

Le style est très élégant, sensible et habilement documenté.

Anna Hope, après nous avoir envoûtés avec son premier roman Le Chagrin des Vivants, frappe de nouveau au cœur et à l’esprit du lecteur. Une pépite !

Le comité de lecture a beaucoup aimé ce roman.

Mon père est américain de Fred Paronuzzi     Livre pour adultes et adolescents.

Léo, 15 ans, vit avec sa mère. Il ne sait presque rien de son père, sauf qu'il est américain et se prénomme Ben.

Il est fou de rage quand il découvre que sa mère entretient des relations régulières avec lui. Lors d'une discussion orageuse, il apprend que son père est en prison, dans le couloir de la mort. Elle lui envoie chaque mois de l'argent.        

Léo prend la décision d'écrire à son père pour le connaître et savoir pourquoi il a été condamné.

Commence alors une correspondance riche et sincère car ce père qui a beaucoup évolué et réfléchi veut être honnête avec son fils.

Très beau roman. L'auteur, chambérien, a une bonne connaissance du monde des adolescents. Il aborde aussi le thème de l'amitié et du premier amour.      

IMAGO de Cyril DION (Actes Sud)                               1er roman 2018

Ils sont trois, trois personnages dont on découvre peu à peu le lien qui les relie les uns aux autres.

C'est Amandine, la femme blessée, qui dénonce l'hypocrisie des gouvernants et vit désormais au milieu des bois.

C'est Nadr, le jeune palestinien pacifiste qui va se mettre en route pour empêcher son frère de commettre un attentat.

C'est Fernando, le haut fonctionnaire du FMI, qui va changer son regard sur le monde lorsqu'il va être confronté à ses réalités.

Chacun d'eux a donc une histoire qui va lui échapper, dont il va se libérer pour trouver son propre chemin..

Très beau roman, servi par une écriture bien maîtrisée, qui propose quelques clés de compréhension des colères qui embrasent le monde.

L’ordre du jour Eric VUILLAR   Prix Goncourt 2017       coup de cœur du comité ♥

Ils étaient 21, en costume 3 pièces, à pénétrer dans le grand vestibule du Palais du Président de l’Assemblée pour écouter le chancelier Hitler leur demander leur appui : Le grand capital au service du régime nazi, ces grandes familles qui règnent encore aujourd’hui.

Ce livre, écrit avec une ironie grinçante, relate une suite de rencontres déterminantes entre 1933 et 1938, au cours desquelles Hitler installe son autorité, sans bruit mais implacablement.

Ce court roman est un petit chef d’œuvre historique, remarquable de concision, facile à lire, mais très bien écrit, un régal.

Le comité l’a beaucoup aimé et vous le recommande.

Marx et la poupée par Maryam Madjidi.   1er roman 2018

On fait la connaissance de Maryam, in utero, alors que sa mère participe à une manifestation politique en Iran. C’est la révolution, avec la mise au pas par les autorités religieuses, les arrestations, les tortures, les droits qui partent en fumée…
Maryam a six ans lorsqu'il faut partir, car ses parents sont communistes (ils n'avaient pas rêvé cette révolution-là) et ils sont obligés de fuir. Premier traumatisme : elle doit distribuer tous ses jouets aux enfants du quartier, au nom de la non-propriété, ce qu'elle trouve très injuste !

Puis c’est l’arrivée en France et sa première journée d'école, alors qu'elle ne parle pas le français et se sent différente voire exclue. Les senteurs, la cuisine de son pays natal lui manquent, la famille restée sur place aussi, notamment sa grand-mère qui l'accompagnera dans l'imaginaire tout au long de son enfance, puis son adolescence.
L'exil, la perte de la langue et de la culture sont une souffrance quotidienne, car pour bien apprendre le français, elle renonce à apprendre le persan. Comment choisir sans se trahir ou trahir les autres, au nom d'une intégration réussie ?

Ce livre a obtenu le Goncourt du premier roman, un prix bien mérité grâce aux talents de conteuse de son auteure.